Gathas N°17

« Ma présence stimule en ton cœur ce sentiment qui doit toujours être maintenu vivant »
Le Murshid peut enseigner au murid les voies de la prière, du jeûne et de la veille la nuit. Le Murshid peut raconter les histoires des prophètes et des saints du passé. Le Murshid peut parler du monde invisible. Cependant, rien de tout cela n’a trait à l’essence des choses. C’est la stimulation du cœur du murid qui est l’essentiel du travail du Murshid.
C’est là un travail et pourtant ce n’en est pas un. Cela n’implique nulle force. Cela se fait tout naturellement et sans effort. Le Murshid touche le cœur du murid par sa façon d’être et non par ses actions. Les paroles et les actes du Murshid forment le rivage d’un océan d’une profondeur sans fin.
La présence du Murshid ravive de lointains souvenirs. Le Murshid est de cette époque-ci et de cet endroit précis mais il est également intemporel et d’aucun lieu en particulier. Le Murshid a une forme mais appartient aussi au sans forme.
Alors naît un sentiment pareil à une lampe qu’on allume. Une lueur intense inonde l’univers. Chaque chose est partie intégrante de toutes les choses. Les acceptions se succèdent dans une vaste perspective, à perte de vue. L’Oiseau immémorial plane.
Ce sentiment doit toujours être maintenu vivant.

Lettre de Pir Zia

Chers compagnons sur le chemin,
Alors que le virus poursuit sa migration mondiale, chaque jour apporte la nouvelle d’un autre ami qui tombe malade. Le caractère poignant de notre interconnexion n’a peut-être jamais été aussi palpable. Nous vivons les uns dans les autres. Que nos prières de guérison se rejoignent par  terre et par mer. Que nos cœurs volent les uns vers les autres au-dessus des collines et des vallées. Puisse cette épreuve approfondir notre solidarité et notre détermination à verser notre souffle dans la brise de la compassion qui souffle à travers tout.
En arabe, le mot pour la bonté aimante est ‘ Inaya . Il y a quelques années, nous sommes passés du nom de l’Ordre Soufi à l’Ordre Inayati. Ce faisant, nous avons honoré notre fondateur Hazrat Inayat Khan et affirmé l’idéal de la bonté aimante comme étant notre aspiration fondamentale. À l’époque, nous avions clairement indiqué que nous avions l’intention d’être également connus sous le nom d’Inayatiyya, et que nous finirions par adopter totalement ce nom.
Les discussions qui ont eu lieu ces derniers jours entre le Conseil international, les conseils d’administration de divers pays, le Conseil du Message, l’Astana et moi-même ont abouti à l’accord comme quoi le temps est venu de prendre définitivement le nom d’Inayatiyya. Ce faisant, nous réaffirmons la vision originale de Murshid, qui envisage l’Ordre (également connu sous le nom d’École ésotérique) comme l’une des nombreuses activités collectivement réunies au sein d’un même mouvement dédié au service de Dieu et de l’humanité, à travers des travaux de toutes sortes. Notre travail est inclus dans un ordre initiatique (ou tariqa), mais l’est également dans d’autres modes de participation et de service.
Murshid a semé sept activités. Cinq sont restées actives tout au long du XXe siècle: l’Ecole ésotérique (c’est-à-dire l’Ordre), le Kinship, l’Adoration universelle, la Guérison et le Zira’at. La sixième, La Chevalerie de la Pureté, a été relancée et a pris sa forme définitive en 2010. Comme nous adoptons maintenant le nom d’Inayatiyya, il est enfin opportun de reconnaître la proto-activité Musique comme la septième et dernière activité de notre mouvement.
Le murshid de Murshid l’a béni en disant: «Va vers le monde, mon enfant, et harmonise l’Orient et l’Occident avec l’harmonie de ta musique. Répand la sagesse du soufisme à l’étranger, car à cette fin tu es le don d’Allah, le plus miséricordieux et le plus compatissant. » Comme son travail avançait en Europe, Murshid a nommé des « représentants de la Musique ». À la suite de son père, Pir Vilayat a accordé une grande attention à la musique en tant qu’art spirituel. Aujourd’hui, il y a parmi nous de nombreux musiciens compétents et inspirants. Un effort est en cours pour faire revivre les chants du Gayanshala et les hymnes
de Shaikh-ul-Mashaik Maheboob Khan. C’est là une occasion de soutenir et de transmettre intentionnellement notre canon de chants sacrés et d’insuffler de la musique subtile dans tous nos rassemblements.
J’ai grand plaisir, maintenant, à vous présenter les pionniers vice-présidents de la Musique dans l’Inayatiyya pour l’ Amérique du Nord et en Europe , respectivement: Tarana Sara Jobin et Ophiel van Leer. Veuillez-vous joindre à moi pour souhaiter la bienvenue à ces pionniers de la musique qui sont source d’inspiration alors qu’ils entrent dans leurs nouveaux rôles. Tarana et Ophiel travaillent en étroite collaboration avec l’Inayati Musicians Guild, et tous les musiciens de notre Mouvement sont vivement encouragés à rejoindre cette communauté de collaboration. La Guilde se réunit régulièrement à l’Astana et en ligne pour des séances de répétition, ou meshk .
Chers amis, en cette période étrange dans laquelle nous nous trouvons, j’espère que vous allez bien. J’envoie des prières vers vous tous les jours. Je ressens vos prières à leur tour et je vous en suis reconnaissant.
Infiniment vôtre,
Pir Zia

Gathas N° 16

« Le Message est un appel pour ceux dont l’heure est venue de s’éveiller et une berceuse pour ceux qui sont censés dormir. »

Le Visage Divin est dissimulé dans 70 000 voiles en lumière réfringente et ténèbres tachetées de lumière. Chaque voile est une couverture sur le lit de l’âme endormie. Rejeter ces couvertures et bannir les rêves, c’est rencontrer l’Éternel Soleil.

Le monde disparaîtrait si la totalité des âmes sautaient de leurs lits toutes à la fois. Il y a encore des châteaux dans les nuages à construire ici; la nuit n’est pas encore terminée. Chacun de nous doit demeurer dans les salles de sommeil corrélées au « Je-tu » jusqu’à ce que notre heure de rendez-vous soit venue et que nous puissions nous tenir en la Présence de « Je-suis-Celui-qui-suis ».

Combien sont mélodieuses les berceuses entonnées par les saints prophètes et les saintes prophétesses; elles exorcisent nos terreurs la nuit et calment nos heures nocturnes. Pacifiés par leurs hymnes célestes, nous dormons bien.

Quand le temps sera venu, ils élèveront leurs voix d’une toute autre façon. Comme un coup de tonnerre, leur appel nous fera signe et nous obligera à nous dresser sur notre séant, puis à nous mettre debout sur nos pieds, avec détermination.

Les grains de sable tomberont de nos yeux. Les vêtements glisseront des corps. Les regards se tourneront vers l’Est. Et alors l’aube se lèvera.

Gathas N°15

 

« A travers chaque douleur ou blessure que quelqu’un me cause, on m’amène simplement à le connaître mieux. »

Il est trop facile de s’offenser. Devenir rouge de colère, lancer des regards furibonds, maugréer, grogner, cela ne nécessite aucune perspicacité. Par contre, la réflexion est une science du cœur.

On a beaucoup à découvrir en regardant sous la surface des choses. Ce qui croise tout d’abord le regard c’est juste la couche superficielle de la vérité, pas le cœur de celle-ci.

Qu’a fait la personne ?

Tout d’abord, alors même que l’acte ait pu vous sembler digne de reproche, celui ou celle qui l’a commis l’a vraisemblablement vu sous un autre angle. La personne n’a probablement pas accès à tous les faits auxquels vous avez accès et vice-versa.

Deuxièmement, non seulement l’autre personne est positionnée différemment dans la situation considérée mais elle l’est aussi dans la vie et sur le plan de l’être. Un gouffre d’expériences divergentes vous sépare, gouffre dont on peut remonter la trace jusqu’à l’enfance. En fait, même avant la naissance, vos âmes ont été teintées de façon contrastée par des influences astrales et spirituelles variées.

Et troisièmement, en règle générale une personne qui cause régulièrement de la souffrance aux autres est elle-même quelqu’un qui souffre d’une blessure, qu’elle soit cachée ou apparente. Châtier la personne ne pansera pas sa plaie profonde, alors que quelque chose d’autre le pourrait.

Le monde est un théâtre de contrastes où chacun a un rôle unique à jouer. S’il doit y avoir des héros, il y aura assurément aussi des scélérats. Cependant aucune infamie n’est définitive, étant donné la constance du changement, et chaque âme est finalement destinée à s’éveiller à l’Infini.

Gathas n°14

« Mes erreurs ne me bercent pas quand je m’endors mais elles ouvrent mes yeux sur une vision plus profonde de la vie. »
Commentaire Pir Zia: Le fait de commettre des péchés est humain. Devenir un être humain accompli ne signifie pas devenir infaillible. Cela veut plutôt dire que l’on puise la sagesse au travers de toutes nos expériences, y compris l’expérience qui consiste à pécher.
Notre moi peut adopter trois positionnements principaux : celui du moi impérieux, celui lié à l’autocritique et celui du moi tranquille. Chacun d’eux apporte une réponse différente aux fautes commises.
Le moi impérieux est rapide à pointer du doigt les péchés des autres mais refuse de reconnaître les siens. Il est prêt à toutes les extrémités pour cacher ou justifier ses faux-pas et ses offenses. En ce qui concerne les affaires de conscience, le moi impérieux est profondément endormi.
D’un autre côté, le moi autocritique a une conscience aigüe de ses fautes. En fait, il est souvent submergé par leur nombre important. On pourrait dire que le moi autocritique est à demi-éveillé,  ayant péniblement conscience de ses erreurs, mais pas encore capable de trouver comment les dépasser.
Quand on s’amende, qu’on apprend de ses expériences, qu’on amorce un virage de vie et qu’on fait confiance à la Miséricorde Divine, le moi tranquille apparaît. Ce dernier est totalement éveillé et chemine avec confiance et foi en l’Etre Unique.
Quand une personne a réellement appris à travers ses fautes, elle ne les réitérera pas. Bien sûr, il se peut cependant que la personne commette de nouvelles fautes, mais différemment _ ce seront des fautes plus subtiles. La personne en question tirera des leçons de celles-ci aussi. De cette façon, la vision de la vie est de plus en plus profonde.

Gathas n°13

« L’imagination ne peut suivre la rapidité de mes pas. »
Pir Zia: Un sage traversa la ville. Cette femme revint rayonnante et dit : « Quelle joie ! » Un élève de cette femme sage avait grand hâte de voir les mêmes scènes. Il suivit l’itinéraire qu’elle avait emprunté, mais revint saisi par le dégoût. Il demanda : » Pourquoi vous et moi avons-nous vu des villes si différentes? ». La femme sage répondit : » Nous avons réglé nos pas sur des rythmes différents. »
Le pas du mystique traverse le pont entre le visible et l’invisible. Bien sûr, le mystique voit les scènes ordinaires : les caniveaux, la boucherie, le regard vide des banlieusards épuisés. Mais le mystique voit également bien davantage.
Le mystique voit la complexité de la toile de la vie. L’eau stagnante du caniveau a autrefois déferlé, quand elle était les vagues de l’océan et elle a parcouru le ciel sous la forme de nuages _ ce qu’elle fera à nouveau. Le coup de flanc dans la fenêtre est l’œuvre d’une vache ayant reçu de l’affection de sa mère. Mais elle a aussi souffert de mauvais traitements et est apparentée aux bovins pour lesquels des forêts anciennes se font, en ce moment même, passer au bulldozer (scellant l’extinction du grouillement de leurs habitants). Enterrés au creux des poitrines de ceux qui vont au bureau, se trouvent des cœurs capables d’une émotion aussi vaste que l’univers.
Les enjambées du mystique incluent tout cela et plus encore. Dans sa marche en avant le mystique dépasse les frontières du monde et de ses limites. Visions de lumière, énergies et vibrations  se dessinent de façon fulgurante tout comme les courants sous-marin de l’univers se dévoilent. Etant donné que le mystique se lance vers le centre de toute chose, l’Etre dévoile son mysterium tremendum, ses redoutables mystères : seul  JE existe.
L’Etre n’est pas une destination vers laquelle l’imagination peut s’avancer. Mais l’Etre imagine l’univers et y déroule ses pas.

Gathas n°12

« Nous verrons qui va supporter l’épreuve jusqu’au bout, la persévérance de mon ennemi ou bien ma patience. »
Pir Zia
: Lors d’une confrontation de diverses formes de volonté, il y a toujours la tentation de fuir la rencontre sinon  de céder à la pression et de faire des concessions, que l’on sera bientôt amené à regretter. Se montrer résolu tient soit de l’égoïsme, soit de la conviction.

Une détermination égocentrée est liée au désir d’être perçu comme ayant toujours raison, ou au moins comme étant celui ou celle qui impose la défaite à ses adversaires. Pour notre petit ego, la nature d’un désaccord est sans importance ; ce qui importe, c’est d’avoir le dernier mot.

D’un autre côté, la fermeté de la conviction est une question de principes. Notre désir de l’emporter est motivé par la justesse de la cause que nous servons. Même si on est condamné à échouer, on se considère obligé de faire tous les efforts possibles.

Dans la vie, un combat d’importance mineure est mené contre des adversaires extérieurs. Un combat d’ordre majeur se livre contre l’ennemi intérieur : le petit ego, pivot de tout égocentrisme, de la vanité et de l’ignorance. Le prophète Mohammed a dit : « Votre pire ennemi est votre ego, qui se trouve au creux de vos flancs ».

Travailler à l’alchimie du petit ego, de sorte que les étroites limites de celui-ci se dissolvent, est un travail de patience. Le succès nécessite de garder le cap et de s’abstenir même du plus petit compromis qui obscurcit la lumière de l’âme.

Quand une aide nous parvient, elle vient de la Lumière des Lumières. C’est pourquoi Dh’un-Nun a dit : « C’est l’aide de Dieu Le Très-Haut que la patience recherche. »

Gathas commentaire n°11

« Je ne suis pas venu pour changer l’humanité.  Je suis venu l’aider à poursuivre son chemin. »Pir Zia: « Le but du chemin soufi n’est pas d’imposer à l’esprit humain un système de croyance particulier. Le but est de révéler ce qui est déjà présent à l’intérieur des profondeurs  de l’esprit _ le cœur, et de révéler ce qui est dans les profondeurs du cœur _ l’âme ; et aussi de révéler ce qui existe dans les profondeurs de l’âme _ le propre être de Dieu.
Essayer de changer une personne n’est pas nécessairement un acte de bienveillance, même si l’intention était bonne. Chaque personne est qui elle (ou il) est. En même temps, l’expérience d’une personne n’est jamais définitive. Nous changeons tous constamment lorsque nous traversons la vie. S’apporter mutuellement de l’aide au fil du changement, extérieur et intérieur, est la voie de la bienveillance.
Tout comme il est préférable d’aider un ami sur le chemin plutôt que d’essayer de changer son ami, quand on en vient à ce qui est en train d’émerger dans l’expérience de l’humanité dans sa globalité, une assistance judicieuse tournée  vers le déploiement de l’horizon de beauté, procure une aide que le rejet impatient ne peut jamais donner. »

GATHAS commentaire n°10

 « Je considère l’échec comme un tremplin vers le succès »

PIR ZIA: « Le voyage de la vie est fait d’essais et d’erreurs. C’est en faisant qu’on apprend. Quel que soit le résultat de nos entreprises, aucune expérience ne se perd si, à travers elle, on apprend quelque chose et si on poursuit sa route, déterminés à aller plus loin.
A première vue, le succès est gratifiant et l’échec décevant. Cependant, d’un point de vue plus profond, quant au déploiement de l’esprit et du cœur, la connaissance gagnée à travers le succès et la connaissance gagnée par l’échec sont tout aussi enrichissantes.
Tout voyageur sur le chemin de la vie connaîtra parfois des succès et parfois des échecs. La différence entre ceux qui voyagent bien et ceux qui ne le font pas, réside dans leur attitude. Aux yeux du pessimiste, un échec précède des déconvenues toujours plus profondes. Pour l’optimiste, ce n’est rien d’autre qu’un tremplin sur le chemin du succès.
L’échec conduit généralement à l’échec, à moins que l’espoir ne s’interpose. L’espoir joue le rôle de l’ouvreuse, à la porte du succès.
Et qu’est-ce que le succès ? Obtenir ce qu’on désire est une forme de succès. Mais dès qu’un désir est assouvi, un autre surgit. Le réel succès est dans l’éveil, toujours croissant, de la sagesse et de l’amour, dans la poursuite du voyage de la vie.

 

GATHAS commentaire n°9

 « Je considère l’échec comme un tremplin vers le succès »

Commentaire de Pir Zia: Le voyage de la vie est fait d’essais et d’erreurs. C’est en faisant qu’on apprend. Quel que soit le résultat de nos entreprises, aucune expérience ne se perd si, à travers elle, on apprend quelque chose et si on poursuit sa route, déterminés à aller plus loin.
A première vue, le succès est gratifiant et l’échec décevant. Cependant, d’un point de vue plus profond, quant au déploiement de l’esprit et du cœur, la connaissance gagnée à travers le succès et la connaissance gagnée par l’échec sont tout aussi enrichissantes.
Tout voyageur sur le chemin de la vie connaîtra parfois des succès et parfois des échecs. La différence entre ceux qui voyagent bien et ceux qui ne le font pas, réside dans leur attitude. Aux yeux du pessimiste, un échec précède des déconvenues toujours plus profondes. Pour l’optimiste, ce n’est rien d’autre qu’un tremplin sur le chemin du succès.
L’échec conduit généralement à l’échec, à moins que l’espoir ne s’interpose. L’espoir joue le rôle de l’ouvreuse, à la porte du succès.
Et qu’est-ce que le succès ? Obtenir ce qu’on désire est une forme de succès. Mais dès qu’un désir est assouvi, un autre surgit. Le réel succès est dans l’éveil, toujours croissant, de la sagesse et de l’amour, dans la poursuite du voyage de la vie.